Genevillier, sa vous dit quelque chose ? Gégen pour les intimes, les luths cité du crime. En bas d’la barre de bâtiments, un distributeur de seringues, au cas ou une envie pressante gratterai l’bras d’un consommateur. Dans ces tours infernales scotchées les une aux autres, communiquant entre elles par les différents étages, une société anonyme du crime avait installé son siége social. Une véritable fourmilière géante avec ouvriers, soldats et rois…tous cagoulés pour mieux se reconnaître.
Avec la SHOET, on nous a confié la déco d’un hall du secteur. On a préparé une belle maquette, de jolies lettres, avec le thème choisit par la mairie : le sport. Y’a pas à dire, le quartier est sportif, les baballes sont pleine de came, les joueurs sont motivés…SA du crime contre les Stups, le match bas son plein depuis des années.
En me voyant tracer l’esquisse, les têtes du coin ont accouru illico : « Ici c’est notre territoire, j’veus mon nom obligatoire sur le mur !!.. ». Pas de problème, j’étais pas la pour jouer l’artiste…juste gratter des bombes…j’fais toujours c’qu’on m’demande.
Quelques jours plutard, dans cette ambiance mafia merguez, la SHOET contournait, je remplissais, quand soudain : « A l’attaque !! ».Pas d’panique, c’était juste la police descente habituelle. Sa courait dans tous les sens, des cris, des hurlements… j’ai mème vu un frigidaire sauté du troisième étage. Après tout ce remue-ménage sans aucun serrage, les flics bredouilles sont venus nous contrôler : « Et vous qu’est-ce que vous foutez ici ?!...vous avez l’autorisation ?!!... » La politesse nationale en action.
La semaine c’est écoulé, on a finit notre fresque dans cette ambiance burlesque, les Luths, Gérard Philipe pour l’adresse. Faut pas stress, ici on est rodé à ces histoires. Un jour, lors d’une descente de ce genre, un soldat c’est fait choper dans les étages. Le flic attendait les renforts, quand soudain, sur sa nuque, un métal froid :
« -Lâche le tout de suite fils de pute !!
-Tu sais qui j’suis…j’suis d’la police...tu sais qu’on te retrouvera !... »
Le soldat savait déjà tout ça, le blabla d’la BAC ne servit à rien, la prise fut relâchée.
Quand déboullaient ces contrariétés, la fourmilière était organisé. Une fois l’alerte donnée, les cagoulés tambourinaient aux portes les plus proches. Les voisins qui n’ouvraient pas risquaient d’retrouver appart ou voiture calciné la semaine suivante. Une fois planqué chez ces complices involontaires, les soldats attendaient la nuit pour ressortirent au grand jour.
Vers 2000, toujours aux luths, une loi interne visant a refoulé l’excès de zèle des îlotiers fut votées…Un soir, à cette période,je papotais dans un hall, quand justement…
-« Police, bonsoir, sortez tous vos papiers s’il vous plait.. »
Le plus ancien d’chez nous pris la parole :
-« Ici personne n’a de papiers, vous pouvez circuler !
-Faites pas d’histoire les jeunes, c’est juste un contrôle de routine, sa va pas… »
BAAMM !! La droite fut fulgurante, KO dés l’premier coup !Bien sur le quartier fut encerclé…obligé d’me planquer chez des voisins en attendant l’aube.
VERBOL vous raccourcis le tout pour qu’ça ressemble à une nouvelle, mais l’histoire de ces lieux vaut bien un livre. J’repense à DIABOLO le fou, au cheval volé dans un cirque pour lui faire une farce. Une fois la jument grimper au deuxième étage, les farceurs sonnèrent chez Diabolo et disparurent… : « Qu’est c’que tu veus toi ?..Y’a pas assez d’place chez moi !...J’ai rien pour toi, j’te connais pas… ».Tête à tête hilarant entre un dingue et un cheval, les anciens s’en rappel…
C’est çà c’que vos médias appel la banlieue, une ambiance avec nos coups de chance et nos poisse, et toujours ce refus des autorités, qui après nous avoir parquer rêvent de nous voir ramper. J’y est puise ma motiv’, mon inspi’, mon style de peinture…Les jeunes vivent, survivent, certains en vendant la mort hélas…Depuis l’état a détruit ces barres du crime…arrestations…prisons...mais les années passent…la relève remplace…les anciens ressortent…la rue suit sa route…
JUNKY TJS